

L'humanitaire est-il notre bonne conscience ?


Une question qui peut paraître choquante à première vue mais qui nécessite de notre part un véritable effort de réflexion en tant que citoyens du monde soucieux de la justice sociale mais également en tant que musulmans. Connaissant l’importance de la zakat et des bonnes actions, la communauté française s’est montrée généreuse à de nombreuses reprises dans des projets d’envergure internationale comme la construction de puits en Afrique ou encore pour la Palestine. Or il convient de s’interroger d’une part sur la spécificité d’un humanitaire dit islamique et d’autre part sur la responsabilité de chacun au regard de ce que ces dons produisent au-delà de nos frontières.
Quelles modalités positives ou négatives représentent l’humanitaire? : Est-ce une aide, un coup de pouce indispensable ou plutôt un moyen de maintenir des Etats dans une certaine dépendance? Peut-on penser un humanitaire responsable et soucieux de résultats concrets et non pas dans des logiques de multinationales et de rentabilité? S’engager pour des causes lointaines n’est il pas un moyen de se défausser de nos responsabilités immédiates, autour de causes plus locales par exemple ?
Tourné le 24 octobre 2015.
Qui sont
Moussa Ibn Yacoub
Il a commencé son parcours associatif à l’âge de 21 ans en oeuvrant dans des associations de jeunes musulmans. Il intègre Au coeur de la précarité dont il devient rapidement le vice président. Moussa a beaucoup voyagé, en France d’abord à travers des campagnes de sensibilisation et une maraude nationale puis au cours d’un tour du monde humanitaire à travers 8 pays. Il a rejoint BarakaCity (http://www.barakacity.com/)à la fin du ramadan 2013, après la campagne du million d’euro pour les puits en Afrique. Depuis, il n’a cessé de bouger: Birmanie, Gaza, Syrie, Niger, Angleterre, Malaisie,… Quelques jours après l’enregistrement de ce débat – dans lequel il intervenait en tant que responsable des missions d’urgences dans les pays à risques - Moussa Ibn Yacoub a été incarcéré injustement pour son combat humanitaire auprès des rohingyas réfugiés au Bangladesh... #freeMoussa.


Diane-Sophie Girin
Elle a posé ses valises à Paris après avoir étudié les sciences politiques et sociales entre la France et l’Allemagne. Féministe dans l’âme et passionnée par l’art contemporain elle a enseigné les gender studies et la sociologie aux étudiants des Beaux-Arts de Chalon-Sur-Saône. Conciliant son intérêt pour les problématiques autour de l’islam, de la racialisation et des problématiques décoloniales elle a notamment exploré la question des pratiques artistiques en contexte post-colonial. Menant ses réflexions sur un blog (https://niqabanana.wordpress.com) et lors d’interventions principalement en France et au Canada, elle espère prochainement mener à bien une thèse sur l’enseignement privé musulman.
Salah Eddine Benzine
Responsable Relation Donateurs au Secours Islamique France (SIF, http://www.secours-islamique.org/). Ingénieur Commercial, Salah Eddine a rejoint le Secours Islamique en 2005 en intégrant l’équipe de Parrainage d’Orphelins. Il connait toutes les arcanes des dons adressés au SIF puisqu’il a consacré une année à la gestion des Prélèvements Automatiques des Donateurs avant de monter la première cellule de télémarketing de l’association qu’il dirige d’abord avec des bénévoles puis des équipes salariées. En 2010, il monte le nouveau Service Relations Donateurs qui comprend les unités de Parrainage d’Orphelins, de Forage des puits, des Grands donateurs et des accueils physiques régionaux.


Mohamed-Ali Bouharb
Consultant en communication publique, Mohamed-Ali est diplômé de Sciences Po Paris en gestion publique et l’institut catholique de Paris en sociologie des religions. Spécialisé dans l’écriture de discours et de contenus éditoriaux, il anime des séminaires et colloques sur les questions de citoyenneté et autour du culte musulman. Doctorant à Normale Sup, il mène une thèse autour de la présence musulmane au sein des armées de 1939 à nos jours et a co-publié un ouvrage intitulé « Former des imams pour la République » aux éditions du CNRS. Il intervient depuis de nombreuses années en qualité de formateur en management responsable sur les questions liées au culte musulman en milieu professionnel.